Apomorphies

Un projet en 3D

Au moyen de quatre procédés successifs (réalisation manuelle, numérisation, traitement numérique et impression 3D), il s’agira de réaliser un projet qui a transité par la fiction littéraire.

Nous partirons en effet de La Digue du marégraphe, de Zuria Buztingorri, notamment du premier alinéa de la page 101 de l’édition de septembre 2014. Les procédés mentionnés ci-dessus seront détaillés à travers l’exemple des transformations de La Nappe, sixième d’une première série de sept formes.

Photo

Une fois la forme prise en photos, on traite l’image. Le bois flotté devra être recouvert intégralement de la texture de la carte mère ; la carte mère devra être recouverte intégralement de celle du bois flotté. L’objet ainsi obtenu sera appelé contretype.

Vidéo

Ensuite, on réalise une animation montrant le remplacement progressif des textures de la forme manufacturée par les textures inversées.

Dans un second temps, on réalise une vidéo de la forme manufacturée à laquelle on applique le traitement présenté au paragraphe précédent.

À l’inverse de la photo, le traitement de la vidéo utilise des techniques très avancées, de l’ordre des effets spéciaux employés pour le cinéma.

Ce n’est qu’après ce dernier traitement que sera accomplie la troisième des quatre articulations d’un processus prolongeant le geste artisanal et biologique au moyen d’une technique utilisée notamment par Joris Laarman (Starlings Table, 2010). Neuroprogrammation préalable à la mise en opération de cette quatrième étape techno-anthropique, écouter en streaming (l’option du lecteur CD-MP3 ou du baladeur n’étant pas exclue) l’introduction du second album du groupe ukrainien de black metal Drudkh, Autumn Aurora.

Dans un effet de corruption et de sublimation désormais applicable à chacune des apomorphies dématérialisées, concomitant pour cette phase, le traitement du contretype est idéalement à animer de sorte qu’à l’arrière-fond le bois recouvre l’électronique par la reconquête du plan de la carte mère, et qu’au premier plan ce soit l’électronique qui envahisse le bois.

Imitant le jeu d’une vielle à roue, l’échange des textures est donc simultané : en deux temps trois mouvements au premier plan la texture de « carte mère » enveloppera le bois flotté, au second plan la texture de « bois flotté » recouvrira la carte mère (comme à la fin de l’automne la neige la nature, la texture de « carte mère » est alors plus lente à envelopper le bois flotté que ne l’est à recouvrir la carte mère la texture de « bois flotté » ; autrement dit, de même qu’au retour du printemps, la texture de « bois flotté » est donc plus rapide à recouvrir la carte mère que ne l’est à envelopper le bois flotté la texture de « carte mère »).

L’échange des textures est donc la troisième articulation, avant son traitement 3D.

Impression 3D

Pour aboutir la forme retenue dans l’exemple (la F6), il faut envisager la technologie de l’impression 3D.

On crée tout d’abord un modèle numérique 3D de la forme. Bien qu’il existe actuellement différentes techniques, pas forcément très au point, la plupart sont extrêmement coûteuses. Il s’agira cependant de traiter le modèle (la forme) en appliquant les textures appropriés. L’impression 3D ne le permet pas encore.

Pour les avoir sur l’objet fini, il faudra donc envisager la technique suivante : on imprime en 3D la F6 (avant chacune des autres formes), puis on projette alternativement d’abord, ensuite simultanément, sur la carte mère d’une part, le bois flotté d’autre part, la texture inversée au moyen d’une installation vidéo.

Pour Le Collectif antécimaise,

Pascal Parent